Six intercommunalités du Nord Mosellan s’unissent pour défendre un scénario ferroviaire ambitieux du SERM Lorraine–Luxembourg.Six intercommunalités du nord de la Moselle unissent leur voix pour soutenir un projet structurant de mobilité transfrontalière entre le Luxembourg, la Sarre et la Moselle. Face aux défis constants de mobilité dans ce territoire, le TeMo a envoyé un courrier au président de la région Franck Leroy, avec le soutien des EPCI membres du syndicat mais aussi de l'Arc Mosellan et du Bouzonvillois. Le but : afficher un soutien unanime au "scénario 3" du Service Express Régional Métropolitain (SERM) Lorraine–Luxembourg. Ce SERM est un projet de RER transfrontalier soutenu par le Luxembourg et la France et les élus ont pu découvrir le 2 avril dernier différents scénarios de combinaison d'offre ferroviaire, de cars express et de bus à haut niveau de service pour le territoire."Le scénario 3 est la réponse la plus adaptée aux attentes des élus et des habitants. Il permet de relever les défis de la mobilité transfrontalière et interterritoire tout en renforçant l’attractivité de notre territoire", estime Rémy Dick, président du syndicat TeMo Moselle Nord. Pour Pierre Cuny, maire de Thionville et président de l'agglomération Portes de France-Thionville, "le scénario 3 est le plus envisageable et le plus intéressant pour nos concitoyens". Mais devant l'ampleur financier du chantier et la durée (potentiellement 20 ans), il préconise un passage graduel par une première étape de développement des bus, comprenant le BHNS notamment, puis une relance des petites lignes avant d'offrir un maillage territorial cohérent. Cela est "nécéssaire pour anticiper la croissance du territoire avec de plus en plus de population dans les bassins de vie à la frontière, un Luxembourg qui recrute toujours, et encore plus de monde sur des routes déjà saturées. Il n'y a que le ferroviaire qui puisse répondre à cet enjeu", prévient Rémy Dick.Les communautés de communes ou d'agglomération Portes de France–Thionville, Val de Fensch, Cattenom et Environs, Pays Haut Val d’Alzette se sont donc associés avec des EPCI en dehors du TeMo, le Bouzonvillois Trois Frontières et l’Arc Mosellan pour cosigner une demande commune d'action politique de la région.Ce que propose le “scénario 3”Parmi les mesures clés portées par ce scénario :
La création d’un barreau ferroviaire entre Audun-le-Roman et Esch-sur-Alzette, pour améliorer la connexion avec le sud du Luxembourg.
Le renforcement de la ligne Thionville–Fontoy–Longuyon, une alternative crédible à la voiture pour 90 000 habitants.
La relance de la ligne Bouzonville–Thionville, avec des arrêts à Yutz, Kuntzig, Metzervisse et Kédange-sur-Canner.
La création de nouvelles haltes ferroviaires à Audun-le-Tiche, Florange, Fontoy et Micheville.
La remise en service de la ligne Thionville–Trèves, via Koenigsmacker et Sierck-les-Bains.
Et à terme, une capacité portée à 22 000 passagers par jour entre Thionville et le Luxembourg via les TER.
Le développement de cars express, notamment sur les axes Aumetz–Longwy et la rive droite de la Moselle ;
Le déploiement de Bus à Haut Niveau de Service (BHNS) autour des gares de Thionville, Uckange et Hettange-Grande ;
L’intégration du pont Uckange–Richemont–Guénange aux projets structurants, pour sécuriser les flux et faciliter les connexions entre réseaux.
A Bouzonville, où on se bat depuis des années pour rouvrir la gare aux voyageurs, c'est un signal fort envoyé par les élus du nord de la Moselle. Armel Chabane, le maire et président de l'intercommunalité, rappelle qu'ici, "nous avons une gare, une ligne et une demande, mais pas de trains". Un nouveau rapport diligenté par le Département sera dévoilé à la fin du mois et confirme ce besoin croissant d'une offre de transport dans la commune, dont seuls les cars Fluo de la région, une poignée par jour, roulent vers Creutzwald, Thionville et Metz. Sur place, un chauffeur confirme avoir de la demande chaque jour pour des lignes directes : "on a trois trajets le matin, un à midi et un le soir, des parents nous demandent souvent quelles sont les autres solutions pour leurs enfants qui doivent aller à Thionville pour leurs études".Pour rappel, la capacité d'emport des TER atteindra à terme deux fois et demi son volume actuel, soit 22 500 en 2030, annonçait récemment le président de la Région. "Il faut absolument que le rabattage se fasse sur la gare en BHNS et non en véhicule, et par la même occasion, Thionville deviendra un noeud ferroviaire avec un maillage en étoile, via Fontoy vers Esch-sur-Alzette, et vers Forbach via Bouzonville et Forbach", rappelle Pierre Cuny.