Metz
Société
Par VAUCHER Jonathan
Publié le 07/02/2025 à 16:54

Pourquoi les boucheries de Metz ne trouvent pas de repreneur ?

Depuis août 2024, la boucherie Schneider à Metz, avenue de Nancy, est fermée. Pire encore, la dernière boucherie du quartier Sainte-Thérèse n’a pas trouvé repreneur. Une situation qui inquiète dans le secteur, réputé pour être très commerçant et prisé. « C’est inexplicable quand on sait le potentiel dans ce quartier, l’un des plus riches de Metz » concède Franck Olmi, président de l’association des commerçants de la rue.


Le cabinet immobilier Herbeth, qui met en location ce bail, ne comprend pas non plus le manque d’intérêt. « Le potentiel est là, il y a un grand espace de vente, une chambre froide directement accessible dans l’entrée, un labo et des ateliers à l’arrière, un fumoir utilisable, liste Marcella Degiorgio. On recherche un projet de boucherie, charcuterie, traiteur mais ça peut aussi être transformé en sandwicherie, point café et petit déjeuner… »


Une retraite après 35 ans sur place


Pendant près de 35 ans, la boucherie était un fleuron du quartier, tenu notamment par Rachel, qui a travaillé 47 ans dans le secteur auprès des grands noms de Moselle. Avant la fin de l’activité, l’entreprise employait 5 personnes. « On s’était donné deux ans pour trouver un repreneur lorsque la retraite est arrivé. La bonne nouvelle, c’est que tout le monde était en âge de partir et notre apprenti terminait son contrat, donc personne n’a été licencié ».


Aujourd’hui, un projet de reprise est possible, d’autant que dans ce quartier riche, le bail de 1000 euros est plutôt accessible. « Alors oui, le local n’est pas de première fraîcheur, mais c’est comme une entreprise, d’abord on reprendre, on voit si on peut avoir de la clientèle puis si on s’en sort bien, on investit », ajoute Christian Nosal, président de la Fédération des bouchers-charcutiers du Grand Est. Pour lui comme pour Rachel Schneider, le manque d’intérêt est lié à deux problèmes : l’absence de jeunes bouchers sur le marché, et la frilosité à reprendre une affaire de nos jours.


Un métier qui n’attire pas ?


A la CMA 57, on compte actuellement une cinquantaine de bouchers en formation de niveau CAP. A peine un dixième d’entre eux iront jusqu’au bac pro, ce qui n’assure pas un renouvellement dans le milieu. « C’est un secteur qui capte moins de jeunes. En plus, très souvent, dès qu’un jeune en CAP a fait l’affaire dans l’entreprise où il a été formé, le chef d’entreprise lui propose un CDI et donc il arrête son cursus », explique Vanessa Py, directrice de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de Moselle. Certains sont aussi souvent attirés par la grande distribution et les ouvertures de postes à l’étranger dont le Luxembourg.


Quant à la reprise-transmission, « il faut s’y prendre très à l’avance sur ces dossiers ». Pour des formateurs de la CMA 57, les banques « ont peut-être du mal à faire confiance à un jeune dont on ne connaît pas sa capacité à trouver un financement, ou à conserver une clientèle » également. Bref un ensemble de facteurs qui peuvent expliquer pourquoi les boucheries sont de moins en moins nombreuses sur le secteur messin, et qu’il est difficile de retrouver un repreneur, alors que plusieurs noms historiques partent à la retraite. Aujourd’hui, le Veau d’Or cherche lui aussi un repreneur depuis octobre à Metz, et Remy pense à prendre sa retraite, réduisant encore un peu plus l’offre.