Euzet
Faits divers
Par Chay Christophe
Publié le 20/01/2021 à 14:47

L’éléphante Dumba au cœur d’une polémique sur les réseaux sociaux

Depuis quelques jours, les réseaux sociaux s’enflamment suite à la publication d’une vidéo de l’association « One Voice » montrant une éléphante âgée de 43 ans, Dumba, dans un camion, laissant entendre un cas de maltraitance animale dans un lieu présenté comme une décharge. Ce mardi, nous sommes allés sur les lieux incriminés constater les conditions de vie de l’animal initialement présenté comme « portée disparue » puis « en fuite ». Une analyse des documents présentés par la mairie d’Euzet permet d’établir que l’entrée de l’éléphante s’est faite en toute légalité en octobre dernier, avec le feu vert de l’Etat et des autorités sanitaires, de la Catalogne vers la commune d’Euzet, où la propriétaire de l’animal occupe les parcelles d’un ami de longue date. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Dumba vient à Euzet, sa présence légale étant attestée par d’autres documents datant d’août 2018.


Aux accusations de « One Voice », la dresseuse britannique Yvonne Kludsky montre la réalité de son animal, qui a officié pendant longtemps dans des films, des publicités, des spectacles de cirque et qui est au centre d’un projet éducatif afin de sensibiliser les enfants aux pachydermes et au respect de la nature : « nous ne sommes pas dans une décharge, c’est la propriété privée d’un ami, qui s’étend sur 30 hectares ». Effectivement, ce qui ressemble à une décharge aux yeux des animalistes demeure en réalité des amas de l’ancien chantier du propriétaire des lieux, professionnel du bâtiment à la retraite, avec du vieux matériel de maçonnerie. Sur la vidéo prise sans autorisation des propriétaires des lieux et de Dumba, « One Voice » dénonce l’enfermement permanent de l’animal dans un camion, le froid ressenti à cause de la neige et aucune possibilité de marcher pour l’animal ; Kludsky rétorque : « lorsqu’il a neigé, nous avons dû enfermer Dumba dans le camion car la couche de neige menaçait de faire s’écrouler le chapiteau où elle était à l’abri ; tout était chauffé et ses pattes étaient bien au sec. Dumba marche tous les jours, sur une parcelle de près de 6.000 mètres carrés, mais aussi en bordure de bois ». L’association, qui milite pour l’interdiction totale de la présence des animaux dans les spectacles de cirque, a déposé plainte auprès du Tribunal d’Alès pour « mauvais traitement commis par un professionnel et défaut de soins ». « One Voice » souhaite également que Dumba soit saisie à son propriétaire et qu’elle intègre un « sanctuaire ». Une annonce que critique vertement la propriétaire de l’éléphante, expliquant que ces nouveaux centres pour animaux sauvages à la retraite sont gérés en « protected contact », à savoir que le soignant n’est pas au contact de l’animal : « un tel traitement pourrait être fatal à Dumba, qui a toujours été soignée en « free contact » ».


La famille d’Yvonne est propriétaire de Dumba depuis 42 ans ; elle dit s’être toujours très bien occupée de son l’éléphante, expliquant que les levades de pattes sont le fait de ses habitudes de dressage et non un signe de souffrance, « les blessures supposées à la tête sont ni plus ni moins que les conséquences du frottement contre le sol lorsque Dumba dort, on le soigne avec des pommades adaptées » précise-t-elle. Trois personnes s’occupent quotidiennement de l’animal, en plus des contrôles vétérinaires. L'éléphante dispose quotidiennement de fourrage, d'herbe, de céréales, de pain, de pommes et de carottes... Une éléphante comme Dumba peut atteindre l^'age de 65-70 ans.


Le maire de la commune, qui a consulté tous les documents officiels et reçu toutes les autorisations pour recevoir l’animal, se dit effaré de la campagne faite sur les réseaux sociaux. « J’aime les animaux, je souhaite apporter un démenti formel à ce que j’ai lu. Jusqu’à votre venue, personne ne m’a appelé pour savoir quelle était la situation à Euzet » explique Cyril Ozil, maire de cette commune de 450 habitants depuis 11 ans. Une forme de désinformation qui a occasionné un déversoir de mails d’insultes et de commentaires calomnieux, insultants ou diffamatoires sur les réseaux sociaux.


Suite au dépôt de plainte, la gendarmerie de Vézénobres a été dépêchée sur place afin de constater toute maltraitance du pachyderme, le dossier étant également suivi au niveau de l’Etat par la Direction départementale de la Protection des populations, via le service « Santé & Protection animale ». Pour l’heure, le procureur  de la République d’Alès François Schneider n’a pas ouvert d’enquête, préférant un suivi du dossier par renseignement judiciaire, en lien avec les services vétérinaires.