Pour comprendre Figuerolles, il faut remonter dans le temps. Quartier populaire par excellence, il a d’abord accueilli des ouvriers, des artisans, des paysans et, plus tard, des familles venues du Maghreb ou d’Espagne. Ici, les cultures s’entremêlent. Comme d’autres faubourgs de l’époque, Figuerolles témoigne de cette organisation médiévale où économie, immigration et artisanat jouaient un rôle crucial dans le développement de la ville. De ce riche passé, les rues et les façades en conservent l’empreinte.
Thierry Arcaix, lui-même né en 1954 rue Saint-Antoine, à un jet de pierre de la place Salengro, a fait de son quartier un sujet d’étude sociologique autant qu’historique.
Autre aspect méconnu de l’histoire contemporaine de Figuerolles est l’alliance inédite entre communisme et religion. Après la Seconde Guerre mondiale, ce quartier multiculturel, de Gitans, Italiens et Espagnols, a développé une solidarité active où croyants et militants communistes unissaient leurs forces pour soutenir les habitants en difficulté. Cette dynamique a donné naissance, en 1947, à la Commune libre de Figuerolles, rappelant celle de Montmartre au début du XXe siècle.
Ancien laboratoire social et culturel, Figuerolles voit aujourd'hui son visage transformé par la gentrification. En une décennie, le prix du mètre carré a presque doublé, atteignant 4150 euros. Selon Thierry Arcaix, cette évolution pousse les habitants modestes à quitter le quartier. Pour d'autres, notamment de jeunes arrivants, cette transformation représente une opportunité de réinventer Figuerolles, avec l'émergence de commerces tendances qui profite à tous les habitants de ce quartier populaire. Pour cette trentenaire, à la tête de cette boulangerie au levain, l'activité est en plein essor. Changement de décor et bienvenue à La Bricole. Ce lieu n’est pas un simple atelier, mais un espace associatif où créativité et solidarité se rencontrent. On y apprend à bricoler, coudre, réparer des vélos ou encore créer des objets du quotidien, Toujours en mouvement, l’atelier propose du prêt d’outils ou encore de la sérigraphie. Omar est l’un des maîtres des lieux.
Autrefois terre d’accueil pour les populations rurales des Cévennes et de la Lozère travaillant à la vigne et au négoce du vin, Figuerolles renoue aujourd’hui avec son passé viticole grâce à Joseph et Ronan. Ces deux jeunes vignerons passionnés ont transformé une ancienne brasserie en un chai urbain de 70 m², baptisé "La Nouvelle Lune". Équipé de cuves, d’un pressoir et d’un égrappoir, ce lieu allie production artisanale et convivialité, reconnectant Figuerolles à son histoire. Si l'esprit harmonieux de la commune libre, cher à Thierry Arcaix, s'est éteint, en 2024, Figuerolles demeure l’un des quartiers les plus singuliers de Montpellier. Embourgeoisement et ghettoïsation, dynamisme associatif et commerces branchés s’y juxtaposent, peut-être l’un des derniers bastions d’une forme de vivre-ensemble, garante d’une certaine douceur de vivre.