Metz
Politique
Par VAUCHER Jonathan
Publié le 29/04/2025 à 17:52

Bertrand Mertz veut rassembler les gauches à Metz en 2026

Bertrand Mertz, élu premier socialiste de Metz, tend la main aux gauches tout en défendant une ligne rassembleuse jusqu’au centre.


Nommé premier socialiste ? « Non, élu ! Démocratiquement ! Le PS est un grand parti démocratique, c’est un exercice important à souligner. Les adhérents, à jour de cotisation, ont voté. Ce n’est pas le cas pour d’autres partis » sourit Bertrand Mertz. Même si sa présentation à la presse, suite à l’élection de la section locale vendredi, se veut rassembleuse et « sans critique des autres politiques », l’ancien maire de Thionville ne se prive pas de donner son programme et de distribuer quelques coups en filigrane. Extraits.


Sur son adversaire à la primaire


Selima Saadi était face à lui aux primaires. Bertrand Mertz le redit à plusieurs reprises : « c’était un débat de haut niveau, calme et serein, de qualité. » Son opposante n’est pas présente lors de la conférence ? « Un hasard, elle est malade ». Depuis vendredi, il appelle de ses voeux à un rassemblement. Pourquoi lui et pas elle ? « Peut-être que je proposais une politique plus à gauche que Selima ». Il a obtenu un peu plus de la moitié des votes de la cinquantaine de suffrages.


Quelles gauches en 2026 ?


Autour de la table, une bonne partie des socialistes alliés à Dominique Gros sont là. Antoine Fonte, ancien adjoint à la Culture et secrétaire de la section messine, « prépare le terrain » depuis 2022. Aux côtés de Mertz, la conseillère municipale socialiste/UNIS Pauline Schlosser (candidate suppléante du NFP aux Législatives à Metz-2) et l’ancienne adjointe PS Patricia Sallusti, le sénateur PS Michael Weber, le désormais ancien patron de la Sodevam Hervé Melchior, ou encore d’anciens conseillers centristes (comme Agnès Migaud ou Stéphane Martalié) et le communiste Gilbert Krausener. « Et ça ne me choque pas. J’ai été élu pour discuter avec tous ceux qui veulent rejoindre et qui sont d’accord avec nos idées, plutôt des progressistes de l’arc républicain, de la gauche au centre, voire au-delà. » L’ancien maire Dominique Gros est aussi un « soutien » : « et même si je suis en grand âge, j’ai encore des souvenirs à mettre au bénéfice de Bertrand Mertz pour continuer les projets initiés par mes mandats ».


Le débat LFI


Mertz voit large. Le centre ? Assurément. Le centre-droit ? Peut-être. L’extrême-gauche ? Possible. L’arc républicain, le nom est lâché. Ce qui exclu d’office LFI ? « C’est un mouvement, pas un parti, il faudrait une décision collective ». Mais, Bertrand Mertz le rappelle, « il ne s’agit pas de faire la révolution et de remplacer le capitalisme, juste de réfléchir à l’avenir de la ville », précisant qu’il se tient à disposition de Charlotte Leduc pour en discuter. « J’ai discuté avec elle et même si nous sommes en désaccord, c’est plus un désaccord sur des sujets nationaux, on peut discuter de manière apaisée ». Au même moment tombe un communiqué de la tête de liste LFI : « ces propos nous inquiètent (car) nous sommes engagés résolument dans un travail programmatique avec les autres partis de gauche et écologistes en vue de parvenir à une union de la gauche à Metz depuis plusieurs mois ». Le parti refuse un rassemblement « jusqu’au centre » et souhaite « un programme de rupture ». De son côté, Mertz estime que l’union de la gauche n’est pas un programme mais « une stratégie et une ligne politique ». Il faudra ainsi donc s’entendre, puis « trouver l’incarnation ».


Les jeunes, la démocratie participative… et la sécurité


Candidat pour les gauches, candidat du PS mais pas officiellement candidat à la mairie, Bertrand Mertz avance tout de même un programme qu’il fera sien pour 2026. La jeunesse est l’élément clé. « Il faut préparer l’avenir de la ville. Le monde change, on doit inventer une ville nouvelle dans sa façon de consommer ou de vivre. L’échelle d’une ville permet d’imaginer ce que pourrait être la société à 5, 10, 20 ans ». Pour cela, le candidat veut un débat d’idées. « Je ne suis pas là pour les petites phrases ou les attaques ad nominem ». Les thématiques fortes ? « Ma première préoccupation sera pour les enfants, les écoles, les cantines scolaires ». Avec quel argent ? « Ca sera cher, mais il faut le faire. On fera un audit sur les finances de la ville, comme ça il y aura les faits, et on passe à autre chose ». Puis la démocratie participative : « les réunions de quartier c’est bien, mais élire un maire ce n’est pas lui donner les clés du camion. La population doit être associée à toute les étapes » avec l’aide d’internet notamment. Enfin l’urbanisme écologique, la culture, et… plus étonnant, la sécurité. S’il salue à plusieurs reprises les efforts de François Grosdidier, « il y a encore des choses à faire, notamment avec la police nationale et municipale qui doivent se mettre ensemble pour protéger les citoyens la nuit ».


De la défaite à Thionville à la victoire à Metz ?


« Le maire actuel est l’ancien de Woippy, je ne vois pas pourquoi cela ne pourrait pas être celui de Thionville », s’amuse Dominique Gros, son prédécesseur socialiste. Bertrand Mertz le sait, il essuiera des critiques sur ses origines dans le nord mosellan. Part-il avec l’image d’un perdant ? « Je n’ai pas perdu, j’ai été victime de fraude électorale » grince Bertrand Mertz dont le ressenti est encore palpable. « Je pense que je correspond mieux à la sociologie de Metz que de Thionville », dit l’avocat qui vit dans la capitale mosellane depuis 8 ans et qui ne tarit pas d’éloge pour la ville.


La place de Xavier Bouvet ou Jérémy Roques ?


Et si ? Mertz n’est pas encore le candidat de la gauche, ou de l’union des gauches à Metz. Et si d’autres voulaient cette place ? Aux dernières municipales, un homme avait réussi à rassembler les gauches (ou presque) et avait loupé le siège de quelques centaines de voix seulement. Xavier Bouvet, ancien leader d’UNIS est parti quelques années après la défaite, mais tout le monde le sait en coulisses, il garde ses yeux sur Metz et pouvait viser 2026. « Je discute avec lui, encore en ce moment. C’est un ami, il a toute sa place dans la liste, mais il ne candidate pas à être tête de liste. » Autre nom qui a beaucoup circulé pour unir la gauche, Jérémy Roques, élu tête de liste des Verts. « Le PS fera cette proposition : mon nom. Et cette proposition semble être sérieuse, expérimentée », car « la gauche toute seule ne peut pas gagner, tout comme la droite toute seule ne peut pas gagner à Metz ». Une ligne devrait ressortir en septembre pour un début de campagne officiel en janvier prochain.