Le Grau-du-Roi
Sport
Par Gauvain Florian
Publié le 28/01/2021 à 15:32

Kito de Pavant : "Yannick Bestaven n'était pas le favori du Vendée Globe, c'est magistral !"

Il y a de ces dénouements incroyables que seul le sport peut procurer. Yannick Bestaven est le grand gagnant du Vendée Globe version 2020. Le marin, troisième sur la ligne d'arrivée mais vainqueur grâce aux bonifications liées au sauvetage de Kevin Escoffier,  l'a emporté avec mérite et bravoure. Notre skipper régional Kito De Pavant a partagé de nombreuses courses en mer avec celui qui remporté le Graal dont la Transat Jacques Vabre en 2017. Il se confie sur son ami. 


Kito, quel sentiment vous anime sur la victoire de Yannick Bestaven ?

Yannick a fait une super course. Il mérite vraiment de remporter cette course qui a été palpitante du début jusqu'à la fin. J'observe qu'il a pris la mesure de ce Vendée Globe au fil de la course. Il était parti très prudemment. Je me souviens d'ailleurs que le jour du départ, il était parti dernier. Il lui a fallu attendre la descente de l'Atlantique pour prendre ses marques et finalement pour prendre confiance en lui, en ses capacités. Il a fait un final époustouflant depuis les Açores qui n'était pas facile à prendre. Et puis ce dernier bord qui a été assez magique où sa trajectoire est fabuleuse. Elle a duré peut-être 47 ou 48 heures à fond les ballons. C'a été vraiment magistral. Il a fini son Vendée Globe en apothéose. Évidemment, je suis ravi car c'est un bon pote. Je trouve qu'il fait un très beau vainqueur. 


Au départ du Vendée Globe, est-ce que vous auriez misé une pièce sur Bestaven ?

On a fait des paris avec des copains et il est vrai que Yannick était peu cité parmi les vainqueurs. On savait qu'il était capable de faire le tour, de rentrer dans les dix. Mais on ne pensait qu'il soit aussi motivé pour endurer ce qu'il a enduré er finir de cette manière ce Vendée Globe. Ceci dit, je savais qu'il en était tout à fait capable de gagner le Vendée Globe. Il n'était vraiment pas le favori, il y avait des bateaux quand mêle au-dessus du lot au départ. Cette édition a remis l'humain à sa place. Il y a d'une part la technologie, les bateaux, le budget qu'on peut y consacrer. Ça, ce sont des choix qui sont pris avant le départ. Après, pendant la course, c'est le marin qui fait la différence.    


En tant que skipper, est-ce que c'est le Graal de gagner un Vendée Globe ?

Ah, sans doute ! J'ai mis beaucoup d'énergie pour être au départ. Malheureusement, je n'ai jamais connu les arrivées. Terminer cette course, c'est déjà très difficile. C'est un exploit en soi. Et le gagner, bien sûr, c'est le Graal. C'est tous les quatre ans, c'est comme les Jeux Olympiques. C'est une épreuve d'une dimension hors normes. 


Quel est votre lien avec Yannick Bestaven ?

On a partagé pas mal de moments ensemble. Il se trouve qu'en 2012, il était mon skipper remplaçant pour le Vendée Globe. On se connaît bien, on a une petite histoire ensemble. On s'entend bien. C'est un vrai pote, c'est vraiment quelqu'un que j'apprécie, qui ne se prend pas la tête et qui a beaucoup de compétences. Il reste aussi quelqu'un de très accessible. 


Vous avez passé de longs et de bons moments avec Yannick, est-ce qu'il est facile à vivre ?

Il est sans doute plus facile à vivre que moi (rires.). Il m'a supporté sur une Transat Jacques Vabre (2017) en double donc il est capable de tout. Finalement, le Vendée Globe, c'est rien à côté de ça. 


Quelles sont ses qualités principales ?

Je pense que c'est quelqu'un d'exigeant. Il savait où il voulait aller. Je me souviens qu'en fin 2017, il voulait faire le Vendée Globe avec un très bon bateau. Celui qu'il avait à l'époque n'était pas à son goût. En tout cas, il espérait beaucoup mieux. Il voulait un bateau à foil. Il a mis toute l'énergie nécessaire tout d'abord pour trouver le budget et financer un rachat de bateau. Il a mis les choses en place avec une super équipe à La Rochelle. C'est un entrepreneur, il prend des risques et les provoque. Et finalement, il a fallu attendre douze ans entre son premier Vendée Globe et son second pour réussir un coup de maître.


En 2008, lors de votre premier Vendée Globe, vous vous êtes retrouvé en difficulté en même temps...

​Il est vrai qu'on a une petite histoire commune avec Yannick. En 2008, sur le Vendée Globe on a eu exactement la même mésaventure 28 heures après le départ. On a démâté tous les deux. Il se trouve qu'on se dispute tous les deux le titre peu enviable du Vendée Globe le plus court de l'histoire. Je ne sais pas si c'est lui ou si c'est moi. Je pense quand même que c'est moi qui est démâté avant lui car j'étais un peu plus loin donc c'est forcément moi. Mais on n'a pas la preuve (rires.). On s'était retrouvé deux jours après sur le ponton aux Sables d'Olonne avec nos bateaux blessés, sans mât. On s'était retrouvé bras dessus, bras dessous pour se consoler car c'était un moment difficile.